Apple et Microsoft sont actuellement engagés dans une bataille acharnée avec l’Union européenne pour éviter que leurs applications ne soient soumises aux nouvelles réglementations du Digital Market Act (DMA). Les deux géants de la technologie font tout en leur pouvoir pour éviter d’être classés comme des « gatekeepers », une catégorie de grandes entreprises sujettes à des règles plus strictes en matière de concurrence et de sécurité des utilisateurs.

Le DMA et les enjeux pour les géants de la tech

Depuis le 2 mai 2023, l’Union européenne a mis en place le Digital Market Act (DMA), une législation visant spécifiquement les grandes entreprises technologiques. Cette réglementation vise à garantir une concurrence équitable et à protéger les droits des utilisateurs. Une partie essentielle du DMA concerne les « gatekeepers », ces entreprises ou applications gigantesques qui ont le potentiel d’écraser la concurrence simplement en raison de leur taille.

Les « gatekeepers » sont soumis à des règles plus strictes que les autres acteurs du marché, ce qui signifie qu’il est crucial pour les grandes entreprises technologiques d’éviter d’entrer dans cette catégorie pour continuer à opérer comme avant. C’est précisément ce qu’Apple et Microsoft tentent désespérément de réaliser en ce moment.

Les critères pour être classé comme « gatekeeper »

Pour être considéré comme un « gatekeeper » par l’Union européenne, une entreprise doit avoir généré un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros par an au cours des trois dernières années et avoir plus de 45 millions d’utilisateurs par mois. Apple et Microsoft dépassent largement le premier critère, laissant le second comme principal point de discussion. Les deux entreprises ont jusqu’à demain pour convaincre les autorités européennes.

Les arguments d’Apple et Microsoft

La bataille d’Apple et Microsoft repose principalement sur le nombre d’utilisateurs de leurs applications. Microsoft estime que Bing, son moteur de recherche, ne compte que 3 % de parts de marché par rapport à Google, ce qui le rend nettement moins populaire. Ils soutiennent que si Bing est soumis aux mêmes réglementations que Google, il risque de ne pas survivre face au géant de la recherche.

En ce qui concerne Apple, la situation est plus complexe. Avec environ 50 millions d’iPhone en circulation dans l’Union européenne, chacun étant équipé d’iMessage par défaut pour les SMS, il est difficile de voir comment Apple pourrait échapper à la classification de « gatekeeper ». Cependant, Apple cherche désespérément à préserver iMessage du DMA, car une telle classification pourrait l’obliger à adopter le RCS, une norme de messagerie différente.

Cela constituerait un changement majeur pour Apple, qui a toujours mis en avant les « bulles bleues » d’iMessage par rapport aux « bulles vertes » d’Android. Alors que la société est déjà contrainte d’ouvrir iOS aux boutiques d’applications tierces et d’intégrer un port USB-C sur ses prochains smartphones, elle fait tout son possible pour maintenir son avantage concurrentiel.

La bataille entre Apple, Microsoft et l’Union européenne se poursuit, et l’issue de cette confrontation pourrait avoir un impact majeur sur la manière dont ces géants de la tech opèrent en Europe.